Au Moyen âge, Aveize appartenait aux Comtes du Forez, qui guerroyaient avec les chanoines comtes de Lyon pour la possession de notre territoire. En 1173, un traité met fin à ces guerres. A Chazelles sur Lyon, une commanderie est installée avec les chevaliers de Saint Jean de Jérusalem qui seront chargés d'assurer la démilitarisation d'une bande de terres entre les possessions des comtes du forez et celles de Lyon.  Le dernier commandeur sera Gaspard de la Richardière de Besse qui sera guillotiné en 1793. L'ordre, appelé maintenant hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem et de Malte, existe toujours. Ce sont eux qui ont rapporté de terre sainte la technique du feutre qui fera la fortune de Chazelles, puisqu'entre les deux guerres, il y aura 28 usines de chapeaux et 2 500 ouvriers. En 1173, Aveize devient donc lyonnaise et de ce fait quitte le royaume de France pour rejoindre le Saint Empire Romain Germanique. Philippe le Bel, petit-fils de Saint Louis, unifiera la France en 1307, année aussi de l'arrestation de tous les templiers.
 
Les paroisses doivent tenir un registre des baptêmes et des décès depuis l'ordonnance royale de Villers Cotterets de François 1er en 1539.
 
L'ancienne église d'Aveize, qui faisait partie d’un château qui montait la garde sur la colline, se composait de trois nefs voûtées, avec deux chapelles latérales. Elle était bien « orientée » c'est à dire que le chœur se trouvait à l'est, à l'orient. Elle fut réparée en 1809, mais son clocher lézardé posait beaucoup d'inquiétude quant à sa solidité. Sur la place, est érigée une croix de granit sculptée portant le millésime 1559. Elle est maintenant installée près du cimetière.
Le 30 mai 1845, le Conseil de Fabrique (maintenant conseil paroissial) adresse une requête au conseil municipal en vue de la construction d'une nouvelle église, restée sans suite. Ce projet se réalisera 40 ans plus tard. Les Conseils de Fabrique sont chargés de gérer les paroisses, aussi bien pour les recettes et les dépenses et d'entretenir les bâtiments, comme stipulé par un décret impérial du 30 décembre 1809.
La première question à résoudre était celle de l'emplacement du futur édifice, occupé par le cimetière. En 1869, la municipalité s'occupe du transfert du cimetière sur la route de Ste Foy l'Argentière, sur un terrain donné par Mme de Bénévent, propriétaire à Vaugneray. Celui-ci, dit de Sainte Agathe, sera béni le lundi 2 mai 1870. Ce même jour aura lieu l'inhumation de Jean Claude Dupré, âgé de 50 ans.
En 1882, le Conseil de Fabrique cède purement et simplement au conseil municipal tout le terrain nécessaire pour l'emplacement de la nouvelle église, lequel avait été acheté par la Fabrique et dont l'achat avait été autorisé par un décret impérial le 8 janvier 1870. Il fait don aussi au conseil municipal de tout l'argent qu'il possède, provenant de ses économies, de quêtes, des souscriptions et surtout de dons anonymes pour la somme de 70 213 francs.
Dans sa délibération du 9 juillet 1882, le conseil municipal accepte l'offre de la Fabrique mais décide que la commune ne participera en rien dans la dépense et que si les devis, évalués à 79 947 francs, sont dépassés, la Fabrique sera tenue seule à y faire face au moyen de ses ressources propres. Le conseil municipal invoque le prétexte que l'église ancienne est très bonne et très solide. La municipalité s'étant abstenue de participer au financement, le département et l'état en firent autant.
Les travaux commencent en 1882 à la Toussaint. Interrompus pendant l'hiver, ils reprennent au printemps 1883. Le 21 octobre 1884, on procéda à la bénédiction du monument terminé, élevé en peu de temps grâce au zèle de l'architecte M. Merlin et de l'entrepreneur M. Rouchon.
L'église ancienne continua d'accueillir les fidèles jusqu'au printemps, le 19 mars 1885, le temps d'aménager l'intérieur de la nouvelle. Le clocher reçut les trois cloches qui garnissaient l'ancien clocher au mois de mai.
Une plaque sur le joug de la grosse cloche porte les inscriptions suivantes : « MM Quérat, curé, Guyot J.B., maire. Nous avons été montées et ajustées par Thollot Guillaume, charron ferrant, et Bruyère Jean Baptiste, maçon, le 1er mai 1885. Quand on nous redescendra d'ici, nous aurons bien sonné le glas funèbre de ceux qui nous ont montées ».
Ces trois cloches avaient été fondues en 1830 par le fondeur P. Delorme qui avait fait appliquer sur chacune d'elles une inscription en belles majuscules. Car, comme beaucoup de cloches, les anciennes antérieures à la révolution avaient été démontées et emmenées à Montbrison pour les fondre et en faire ces canons.
Sur la grosse cloche : « Si nomen domini benedictum. MM Blanchard, curé, Jean Dupré, maire, Jean Guyot, adjoint, P. Delorme, fondeur. Parrain Jean Marie Dupré fils, marraine Françoise Berthet ».
Pour la seconde cloche, le parrain est Jean Benoît Dupré et la marraine Claudine Villard.
Pour la petite cloche, Claude Néel est parrain et Françoise Dupré, femme Bonnet est marraine.
Au total, l'église a coûté 103 800 francs. En 1885, il restait à payer à l'entrepreneur plus de 25 000 francs, et les vitraux et le mobilier, et la Fabrique dut contracter un emprunt.
Au printemps de 1906, suite à l'application de la loi de séparation, l'inventaire de l'église d'Aveize fut fixé au 10 mars. Quand l'agent du fisc se présenta, il trouva la place de l'église occupée par une masse imposante d'hommes et de femmes déterminés à ne pas le laisser entrer. L'ordre est donné aux gendarmes de charger, mais ces cinq officiers ne purent que reculer devant ce bloc compact. L'inventaire se fit le 22 mars, en toute discrétion, sans avoir les clés du clocher et de la sacristie. Au moment de l'application de la loi de séparation, la dette de la Fabrique s'élevait à 32 100 francs. Or, l'état qui s'était emparé des biens appartenant aux fabriques devait aussi prendre à son compte les dettes. Le 10 avril 1910, s'éteignait donc cette dette de l'église et le voleur des biens de la fabrique se trouvait finalement volé !
Pour les noces d'or de l'église, en 1934, on installe des boiseries toutes neuves dans le chœur. Véritables œuvres d'art, elles ont été réalisées par MM Chipier père et fils, qui ont aussi équipé l'église de beaux bancs très élégants.
L’église d’Aveize, dont le clocher élancé part à la conquête du ciel, semblant transpercer les nuages, est un beau monument élégant, tel un phare au centre des Monts du Lyonnais !

Jean-Claude Voute (Bulletin Municipal 2020)

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Sur ce cadastre napoléonien vieux de plus de 200 ans, la nouvelle église n_apparaît pas encore. On peut voir l_ancienne et le presbytère.PNG
l_église d_Aveize, telle un phare au centre des Monts du Lyonnais.jpg